mardi 26 août 2008

Les Tristes Sires

Dans la vitre se mirent et s’admirent
Les tristes sires aux sombres regards.
Ils plongent leurs yeux de déments
Dans l’image sans fard face à eux.

Sourcils contre sourcils,
Les yeux vitreux et ternes,
Ils pensent qu’ils sont bien laids, bien vils,
Tous, et se complaisent dans cette singulière misère.

Drapés dans des linceuls oubliés,
Ils observent les rats grouillant sous leurs pieds.
Ils étaient tristes auparavant,
Mais, main dans la main, ils se soutiennent à présent.

Malades, condamnés, exclus, rejetés,
Ils auraient pu l’être comme ces hagards
Aux destins atroces de souffrance.
Mais eux sont d’une autre race : des narcisses sans hasard.

Perdus dans des reflets déformés
Ils aiment et s’aiment,
Face à face, mélangés, liquéfiés,
Souriants de leurs dents rongées, à toutes ces amours.


Eperdus de tendresse, fous de bonheur,
Les tristes sires dansent et s’enivrent, d’images…

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