mardi 26 août 2008

La Muse

"Car y-a-t-il un autre Dieu que le Seigneur?" Saint Augustin, Confessions 1

Le sentier s’ouvre sur la montagne.
Etroit, il se faufile sous les rochers.
Et c’est un faune capricieux qui accompagne
Ce pèlerin venu de loin pour…visiter !

C’est soudainement que le temple lui apparaît,
S’édifiant là, sur cette falaise démesurée.
Il a les yeux écarquillés et sa bouche s’ouvre, bée !
Un lion face à lui l’observe, mâchoires prêtes à le croquer.

Ô voyageur impénitent, déjà renonces-tu ?
Tant d’efforts et tant de rêves pour ce sommet
Que le Dieu, dit-on, habite !Tu es venu la chercher
Cette vérité et tu trembles devant cet animal à l’air têtu.

Il y a des marches, se dressant, de l’eau, coulant
A tes pieds, c’est si beau et si terrifiant !
Un voile s’agite derrière la pierre
Et s’esquissent des formes presque pubères.

C’est une apparition brusquement à tes yeux !
Tant de beauté t’émeut,
Cette jeune fille, tu ne peux la quitter des yeux,
Oubliant tout : si doux est son visage heureux !

Elle ne te voit pas, seule au milieu du sanctuaire,
Elle dévisage le ciel, habillée dans des bijoux
Magnifiques, sertis à même sa peau, et tout
La drape splendidement, s’insère à la perfection dans sa chair!

Le lion grogne et grogne encore
Tu es paralysé !
Il s’approche, et sous la main
De la jeune vierge pose la tête…

Envoûtante vision, à moitié dévêtue,
Les pierres étincelantes s’enchevêtrent sur son corps.
Elle brille de tant de grâce devant toi, pauvre parvenu !
Elle est si petite, si fragile, cette déesse au «triste » sort !

Elle se tourne, et ce mouvement
Dure, dure ; le temps s’arrête.
Lentement elle bouge, et si gracieusement !
Déjà elle te tourne la tête.

Le silence est présent,
Tu entends son cœur, ô voyageur
A cette jeune fille-Dieu d’Ailleurs,
Plus rien ne compte, ni l’heure ni le temps.

Une silhouette se profile dans la pénombre,
Masculine et grande entre les colonnes sculptées,
Et c’est une femme encore plus femme qui paraît,
Dans des habits d’homme !S’avance et tend les bras, enchantée !

Elle a couru dans la lumière,
Ses bras tendus se sont ouverts,
Toute menue, la jeune fille s’est jetée dans ce refuge aimé,
Et souriantes toutes deux, elles t’ont nargué !

Ô pauvre voyageur ! Tu contemples ton Dieu !
Un et multiple, irradiant d’amour comblé et heureux !
Et tu graves en toi ce jour où tu l’As rencontrée(s)
Dieu, Iseult ou Mélusine mais sans conteste muse inespérée.

Aucun commentaire: