mardi 26 août 2008

Les Enfants du Bon Dieu

Cendres dans les blés, poussière d ‘étoile
Brille dans le firmament d’un regard.
Sous les os ruisselants d’amours bizarres
La marque s’imprime et dessine tes voiles.

Et le petit enfant des reflets du miroir
S’envole, et son corps s’arrache de l’eau,
Sa peau est restée dans d’autres mers, et juste ses os
S’entremêlent sur la musique de ses paroles noires.

Ses mains sont devenues la terre en ses racines.
Liquide, il devient au milieu des fleurs
Et fusionne, le tout petit, dans des contes sans peur,
Ses omoplates saillent telles les Divines.

Cendres dans les cœurs, poussière du ciel
Le regard a tout brûlé
Il s’agrippe à mes yeux déchirés
Et mes voiles deviennent alors démentielles.

Les hanches pleines se déversent au milieu des cris.
Sous la voûte du chant des enfants,
Ils sont deux, les mains jointes à présent,
Sans âme et sans peur, ils sont fils du désert.

Leur seigneur de son sceptre recolle les morceaux,
Alors la musique s’éteint doucement
Et la lumière résonne sourdement :
Les tympans se creusent dans de gothiques ghettos.

Cendres de papillons, poussière d’ange,
S’embrase la lumière
Et transperce les crânes amers,
Les oiseaux s’envolent maintenant avec des yeux d’archange.

Le corps étreint les marais bleus du sommeil,
C’est celui des trois enfants de mon miroir obscur.
Ils sont trois têtes, cascades brutes et dures,
Leurs diaphragmes nouent le tout en un charmant soleil.

Les cheveux s’écaillent en de petites fourmis rebelles,
Peut-être signe que tout est Fini.
Mais le vent est le sursis
Car il a trébuché sur leurs courbes sensuelles.

Cendres de pierres, poussière de mes ailes,
Lumière des néants qui ravage
Les orbites fumantes et sauvages,
Le bateau prend l’eau du ciel qui perle.

Et les enfants gambadent sur des yeux qui roulent,
Mais, à quatre, on est plus fort que tout !
Ils sont vides sous les éclairs fous
Qui font éclater leurs métatarses dans cette foule.

Ils sont noyés par leur propre corps, les os dans la bouche
Les étouffent, ils voient au travers d’un débris vertébral
Et rient d’un rire dément mais génial,
Les couleurs sombres de la joie deviennent leurs couches.

Cendres de papiers, poussière de génie,
Le trou rebouche les iris
Un genou se disloque sans risque,
Les grains célestes se font manger.

Sur le bord d’une omoplate saillante,
Sont assis les enfants sages.
Ils balancent leurs dix tibias avec rage,
Et tous les cinq égrènent leurs dents flottantes.

Les fleurs jaillissent d’entre leurs côtes,
Et ils rient sous la tendre chatouille.
La terre devient corps qui se mouille,
Les intestins se mêlent aux cerveaux en miettes.

Cendres d’amours, poussière de rêve
L’iris s’ouvre en son diapason,
Le galbe d’une jambe se ronge sans façon,
L’indigeste savoir déborde, plein de verve.

Les oreilles s’effritent et tombent en un « plouf » sinistre
Au milieu de l’âme des enfants démunis.
Un, deux, trois, quatre, cinq : ils sont six aujourd’hui.
Leurs os entrecroisés chantant l’amour parfait des maîtres.

Leurs cœurs percés se vident tendrement
Et continuent pourtant de battre en chœur
Au milieu des cris de la douleur.
Les ongles s’incrustent dans l’élément de leur tourment.

Cendre de vie, poussières de morts,
Mes yeux illuminent leurs ténèbres,
L’amour se décrypte sur des lambeaux de vertèbres.
L’encre te soulève et te déchire la poitrine et le corps.

Sur le bord des lèvres, les enfants tombent dans la crevasse,
Ils sont happés par les mots et se désagrègent.
En cet enfer brûlant, tourmenté, ils émergent,
Ames en fusion, évadés de leurs carcasses si lasses.

Leurs iris isolés rient doucement devant les oiseaux.
Tous les sept, ils chantent des mélodies désossées,
En un mouvement infini, les os verdissent, ils flottent dans le puits des merveilles,
Des lambeaux charnels glissent dans un bonheur tendre.

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