mardi 16 septembre 2008

La Fille du Vent

Il y a ce souffle
Qui fait courir les nuages,
Ce vent qui les emporte
Les presse, et les bouscule
A toute vitesse.

Respiration/Souffle 1
Tombée jusqu'au vertige
Je suis la fille du Vent.
Cette emprise est mon chant
Et mes rêves me démangent.

Respiration/Souffle 2
La fille du Vent entend des airs de violon,
La fille du Vent a les yeux dans les nuages,
Rêveurs et songeurs, et un petit sourire
Emporte ton cœur et ce visage.

Respiration/Souffle 3
Au fil du Vent, des airs se promènent
Et résonnent, sons divins.
Bourrasque dans le cœur,
La fille du Vent suit son chemin.

mardi 26 août 2008

L'Amour Carnivore

Ejacule ta joie
Du plus profond de toi.
Eclabousse-les de ton sarcasme
Amer.
Acide, il sera rongé dans son marasme
Il est un ver.

Troussée par terre, elle résonne
De sa vois rauque de garçonne.
Sur un arbre perché, aimant,
Il se trémousse,
Se gausse glauquement
De ces secousses.

De chairs imbriquées les organes
Jaillissent, seins hystériques et profanes.
Coup de fourchettes, énucléations
Tue-les.
Saccage et nettoie les sanctions
Pourris-les.

Il est un rat empli de peste,
Insidieusement sexe qui s’infeste.
Clouée sur les ruines saillantes,
Elle se déplie,
Dents fatales, déchirantes, mordantes,
Elle est ivre de lui.

Issue du monstrueux cloaque,
Elle sécrète de la queue.
Elle se fond en des lacis impérieux
Erotiques.
Il la froisse par les cheveux
Mécanique.

Plus d’yeux, des crabes jaunes et moisis
S’infiltrent ici.
Il la prend. Elle le tronque :
Ek-stase.
Ils s’échappent, se répandent
Pleins de vase…

Ode à Sappho

Femme au corps troublant,
Je compose pour toi cette ode,
Mon cœur se rompt à toi pensant,
N’oublie pas mon amour lancinant.

Fièvre, baisers, troubles,
Les images tournent.
Mes yeux fermés frémissent,
Baisers, fièvre, caresses, trouble…

Fièvre, fièvre, seins, corps, baisers…
Fièvre encore qui m’enveloppe,
Tu es partout envahissante,
Mon esprit par toi submergé se perd.

Adieu amour. Fièvre, fièvre : envie.
Reviens ! Non, je ne peux pas. Pars.
Fièvre encore, envie. Reste ! RESTE !
Musique intense : tu sais je t’aime.

Couple Sadique s'étreignant sous la lune

Dort sentimental.
Tu t’éteins et tu ris,
Dors avec moi ce soir.
Elle l’implore, il s’en va,
En riant, doucement.

Erre, âme perdue.
Tu t’embrases et tu brûles,
Reste là pour voir.
Il décide, il ne bouge pas,
En se taisant, tendrement.

Pleure, âme meurtrie.
Tu t’effondres et tu cries.
Ne meurs pas ce soir.
Elle ne saisit pas, il n’est plus là,
En gémissant, amèrement.

Sombre, sentimental.
Tu es parti et tu ris.
Tu dors avec elle ce soir,
Il l’implores, elle s’en va,
En mourant, doucement.

Aime, sentimental.
Tu regardes et tu sais.
Aimes-moi fort ce soir.
Elle le désire, il s’enfuit,
Se moquant, follement.

Chante, sentimental.
Tu as vu et tu ne sais plus.
Adore-la, elle n’est que toi.
Il la voit face à soi,
Comprenant enfin, tardivement.

Convulse-toi, éternel.
Tu as ouvert les yeux,
Plus loin que les mots.
Il l’attend, elle s’enfuit,
Se moquant, amoureusement, perversement.

Doucement le chant résonne
De la harpe sur leurs deux corps :
Ils s’aimaient fort.
Enfin trouvés au-delà des mots,
La musique les a joint
Au plus fort de la mort.

La Coquine

Cravate nouée
Se dénoue.
Corsage lacé
Se délasse.
S’enlacent
Les moiteurs
Enmiellées.
Lacet fait
Se défait.
Corps défait
Refait :
La coquine !

Les Eternelles

Le vent agite tes habits.
La soie froissée bruisse doucement.
Face à moi, pas un mot tu ne dis,
Nos regards se perdent et ne font qu’un, amants.

Encore

Je ne sais pas, je ne sais plus.
Ou sont passés les univers ?
Les notes sont gravés sur mon corps
Elles brillent, à l’endroit comme à l’envers

Elles dansent sur mon corps
Le chant des disparus,
La douceur de cet amour perdu
Sa douleur, et ton absence encore

L’une après l’autre, tu les as gravés,
Au-dedans et au dehors, je suis à toi
Possédée par la musique que tu m’as donné
Incomplète sans elle, et sans toi.

Fulgurante violence du souvenir que j’avais enfoui
Dépassé par la douleur du manque
Me voilà revenue aujourd’hui
Rappelée par tes harmoniques.

La Porte

La porte s’est refermée.
Et les ténèbres ont vu le jour,
Et l’eau est montée, montée
Et a envahit mon être, peut-être pour toujours.

La porte, la seule de cette chambre close
Aux angles si curieusement courbes et descendants,
Etait la dernière de ce qui fut un soleil en pleine symbiose,
Un havre rayonnant et lumineux, qu’en est-il à présent ?

La porte déjà s’était refermée.
La lueur, la dernière s’était éteinte
Avec ta main qui m’a quittée.
Et aujourd’hui la porte se verrouille, comme une enceinte.

Et pourtant, cette lueur enfouie dans mon eau
Ne s’est pas noyée, elle attend une certaine tendresse,
Et son amour silencieux qui s’en va en morceaux.
La porte s’est fermée mais s’éclaircit sans cesse.
Aussi longtemps que résonne la grande harmonique.

C.J

Le Chant du Cygne

Et c’est un mot qui court sur le papier,
Il glisse, il vole et il s’envole.
Et loin sur un nuage de fumée,
Le sage médite et se console.

Loin du ciel, loin des cieux est une étoile,
Noyée. Elle brille et réchauffe le cœur du vieux sage,
Qui de son nuage, voit tout qui s’étoile,
Et il aime pourtant et ne peut rien, tout est image.

Il créée, chante et rit sous cet œil des sphères.
Comme Galathéa, il se noie dans ses méandres qui le mangent.
Au milieu de tous, il voit fleurs et mers,
Et cette étoile qui lui sourit d’un sourire d’ange.

Et le mot repasse et se pose sur le nuage,
Il vient d’ailleurs et d’ici, de tous les cœurs,
De tous les pleurs. Et cette même rage
Turbulente et folle anime en lui la vie et le bonheur.

Au milieu des métaphores, des sophismes,
Il s’est faufilé, poussant grand les portes,
Défiant ouvertement tous les idéalismes
Et chantant les espoirs les plus forts.

Et Galathéa, l’étoile tout doucement s’allume.
Elle embrase et réchauffe le vieux cœur
Du jeune sage et son mot qui, égaré, s’assume.
Translucide de ses yeux, elle embrasse la douleur.

Mot caché sort de sa glace qui aime alors,
Et ils s’envolent sous les mers et revivent.
Chaque maillon se ressoude et oublie la mort,
Les tendresses célestes rejaillissent en des fontaines vives.

Le cœur sur le nuage se dépouille,
Et lutte à nouveau contre tout.
Il vit, palpitant, sous les mots qui le mouillent,
Il les reprend et les met à nouveau bouts à bouts.

Et l’étoile en un diapason cristallin
Vibre et fait reculer ces mots qui envahissent
Et hantent, et détruisent tous les espoirs, mêmes divins.
Le rêve à nouveau revient en un coeur myosotis.

Et le vieux sage d’un bond se lève et fait tomber le pot posé là.
Mais qu’importe, il redescend vers la vie,
Le sourire à sa fleur et ses mots qui sont son combat.
Il se bat sous le soleil et de son étoile et lui sourie.

Il lui dédie aussi tous les papillons de sa vie à venir.
Il la prendra par le bras et la forcera à marcher, à côté,
Même si, un autre mot, plus sombre, le tire et l’aspire.
Oublie tous tes néants enfermés.

Et le long de sa voie, il s’en va
Sous un sourire chaleureux d’étoile aux longs cheveux.
Et deux larmes culent, plus bas,
Le long de son visage heureux.

Car de son nuage, le mot s’est transcendé vers l’étoile.
Il a suivi le rire lumineux et gai
Et n’a trouvé que très loin dans le sable,
Une toute petite fleur noire, fripée, la tête échouée et les yeux fermés.

Plaisir

Dans ses yeux lumineux brille le plaisir.
La lueur sadique des mots pervers
L’éclaire et le fait jouir
D’un sourire triste et amer.

Il a regardé son sang couler,
La trachée lentement s’est vidée
Et ses yeux brillent, toujours fermés,
Il voit par-delà monts et vallées.

Son imagination est un navire.
Il vogue au gré des fantaisies,
Sucres d’orge et candies à finir,
Il en perd sa salive d’envie : ô oui !

L'Aube

Vent du sud, vent du soir,
Une petite plume perdue,
Un sourire noir dans des yeux déçus.


Brise d’est, brise du matin,
Lumière de vie,
Chante dans les feuillages bruns,
Réchauffe les fleurs de minuit.


Soleil d’aurore, soleil d’aube :
Un être se rapproche.

Les Enfants du Bon Dieu

Cendres dans les blés, poussière d ‘étoile
Brille dans le firmament d’un regard.
Sous les os ruisselants d’amours bizarres
La marque s’imprime et dessine tes voiles.

Et le petit enfant des reflets du miroir
S’envole, et son corps s’arrache de l’eau,
Sa peau est restée dans d’autres mers, et juste ses os
S’entremêlent sur la musique de ses paroles noires.

Ses mains sont devenues la terre en ses racines.
Liquide, il devient au milieu des fleurs
Et fusionne, le tout petit, dans des contes sans peur,
Ses omoplates saillent telles les Divines.

Cendres dans les cœurs, poussière du ciel
Le regard a tout brûlé
Il s’agrippe à mes yeux déchirés
Et mes voiles deviennent alors démentielles.

Les hanches pleines se déversent au milieu des cris.
Sous la voûte du chant des enfants,
Ils sont deux, les mains jointes à présent,
Sans âme et sans peur, ils sont fils du désert.

Leur seigneur de son sceptre recolle les morceaux,
Alors la musique s’éteint doucement
Et la lumière résonne sourdement :
Les tympans se creusent dans de gothiques ghettos.

Cendres de papillons, poussière d’ange,
S’embrase la lumière
Et transperce les crânes amers,
Les oiseaux s’envolent maintenant avec des yeux d’archange.

Le corps étreint les marais bleus du sommeil,
C’est celui des trois enfants de mon miroir obscur.
Ils sont trois têtes, cascades brutes et dures,
Leurs diaphragmes nouent le tout en un charmant soleil.

Les cheveux s’écaillent en de petites fourmis rebelles,
Peut-être signe que tout est Fini.
Mais le vent est le sursis
Car il a trébuché sur leurs courbes sensuelles.

Cendres de pierres, poussière de mes ailes,
Lumière des néants qui ravage
Les orbites fumantes et sauvages,
Le bateau prend l’eau du ciel qui perle.

Et les enfants gambadent sur des yeux qui roulent,
Mais, à quatre, on est plus fort que tout !
Ils sont vides sous les éclairs fous
Qui font éclater leurs métatarses dans cette foule.

Ils sont noyés par leur propre corps, les os dans la bouche
Les étouffent, ils voient au travers d’un débris vertébral
Et rient d’un rire dément mais génial,
Les couleurs sombres de la joie deviennent leurs couches.

Cendres de papiers, poussière de génie,
Le trou rebouche les iris
Un genou se disloque sans risque,
Les grains célestes se font manger.

Sur le bord d’une omoplate saillante,
Sont assis les enfants sages.
Ils balancent leurs dix tibias avec rage,
Et tous les cinq égrènent leurs dents flottantes.

Les fleurs jaillissent d’entre leurs côtes,
Et ils rient sous la tendre chatouille.
La terre devient corps qui se mouille,
Les intestins se mêlent aux cerveaux en miettes.

Cendres d’amours, poussière de rêve
L’iris s’ouvre en son diapason,
Le galbe d’une jambe se ronge sans façon,
L’indigeste savoir déborde, plein de verve.

Les oreilles s’effritent et tombent en un « plouf » sinistre
Au milieu de l’âme des enfants démunis.
Un, deux, trois, quatre, cinq : ils sont six aujourd’hui.
Leurs os entrecroisés chantant l’amour parfait des maîtres.

Leurs cœurs percés se vident tendrement
Et continuent pourtant de battre en chœur
Au milieu des cris de la douleur.
Les ongles s’incrustent dans l’élément de leur tourment.

Cendre de vie, poussières de morts,
Mes yeux illuminent leurs ténèbres,
L’amour se décrypte sur des lambeaux de vertèbres.
L’encre te soulève et te déchire la poitrine et le corps.

Sur le bord des lèvres, les enfants tombent dans la crevasse,
Ils sont happés par les mots et se désagrègent.
En cet enfer brûlant, tourmenté, ils émergent,
Ames en fusion, évadés de leurs carcasses si lasses.

Leurs iris isolés rient doucement devant les oiseaux.
Tous les sept, ils chantent des mélodies désossées,
En un mouvement infini, les os verdissent, ils flottent dans le puits des merveilles,
Des lambeaux charnels glissent dans un bonheur tendre.

Crime et Châtiment

Vision sordide de troncs coupés,
L’homme sans jambe est paralysé,
Les cendres sacrées de sa jeunesse
Au vent s’en vont nourrir les déesses.

Offrande aux yeux si ternes, à la langue déliée,
Il n’oublia de sa vie jamais l’offense,
L’injure suprême, le refus de cet amour parfait :
Il lui dédia ses moignons sardoniques de sentence.

Ses yeux étaient déments à présent et roulaient sans cesse,
Pitoyable loque déchiquetée à l’autel d’une messe,
S’allongeant, cœur fier des confiants.
Traversant les mondes, Elle émergea dans son présent.

Le cœur bouillonnant de la tristesse des amants,
Dans sa douleur, elle l’immola d’un regard,
Sans savoir qu’elle avait traversé les raisons et le temps !
Du pouvoir investie, Elle le vit trop tard.

Troisième Edtion

Personne devant moi, personne derrière, personne pour me comprendre.
Et le chant de l’oiseau qui pourtant résonne et me transperce.
Et je suis seule, et je suis lui, comme la tendresse
Qui est fumée et poussière, je vole dans le vide.

Il y a du vent dans mon ciel qui me fait rêver.

Un petit village

Les rires fous dans ces arbres,
Les gens de ce petit village.
Cheveux au vent dans les nuages,
La petite fille court dans les âges.

Lavoirs usés de mains tendues,
Tendresse en toi qui t’as émue,
Eau de la cruche s’épand en plus,
Dans le sentier des pas perdus.

Sonne le tocsin des jours heureux.

Elle ou Deux yeux qui fixent la pluie

Le ciel s’obscurcit, les nuages sont lourds et noirs.
Tu défais les épingles de ta longue chevelure,
Et dans le vent s’éparpillent les mèches brunes.
C’est la mousson qui surgit dans la tiède brise du soir.

En rafales, la pluie s’abat, violente,
Trombes d’eau salvatrices et démentielles.
Tes cheveux jusqu’à tes genoux tombent, ô merveille !
Et seule dans les rues, tu es nue sous les eaux, fervente.

Tes yeux fixent le ciel, un sourire tendre pare ton visage
De couleurs exquises, et tu ruisselles, tu coules, au milieu de la route,
Offerte au ciel et aux regards, tout autour, c’est une totale déroute !
Et toi, immobile, tu restes sous la pluie, sage comme une image, d’un autre âge…

La Muse

"Car y-a-t-il un autre Dieu que le Seigneur?" Saint Augustin, Confessions 1

Le sentier s’ouvre sur la montagne.
Etroit, il se faufile sous les rochers.
Et c’est un faune capricieux qui accompagne
Ce pèlerin venu de loin pour…visiter !

C’est soudainement que le temple lui apparaît,
S’édifiant là, sur cette falaise démesurée.
Il a les yeux écarquillés et sa bouche s’ouvre, bée !
Un lion face à lui l’observe, mâchoires prêtes à le croquer.

Ô voyageur impénitent, déjà renonces-tu ?
Tant d’efforts et tant de rêves pour ce sommet
Que le Dieu, dit-on, habite !Tu es venu la chercher
Cette vérité et tu trembles devant cet animal à l’air têtu.

Il y a des marches, se dressant, de l’eau, coulant
A tes pieds, c’est si beau et si terrifiant !
Un voile s’agite derrière la pierre
Et s’esquissent des formes presque pubères.

C’est une apparition brusquement à tes yeux !
Tant de beauté t’émeut,
Cette jeune fille, tu ne peux la quitter des yeux,
Oubliant tout : si doux est son visage heureux !

Elle ne te voit pas, seule au milieu du sanctuaire,
Elle dévisage le ciel, habillée dans des bijoux
Magnifiques, sertis à même sa peau, et tout
La drape splendidement, s’insère à la perfection dans sa chair!

Le lion grogne et grogne encore
Tu es paralysé !
Il s’approche, et sous la main
De la jeune vierge pose la tête…

Envoûtante vision, à moitié dévêtue,
Les pierres étincelantes s’enchevêtrent sur son corps.
Elle brille de tant de grâce devant toi, pauvre parvenu !
Elle est si petite, si fragile, cette déesse au «triste » sort !

Elle se tourne, et ce mouvement
Dure, dure ; le temps s’arrête.
Lentement elle bouge, et si gracieusement !
Déjà elle te tourne la tête.

Le silence est présent,
Tu entends son cœur, ô voyageur
A cette jeune fille-Dieu d’Ailleurs,
Plus rien ne compte, ni l’heure ni le temps.

Une silhouette se profile dans la pénombre,
Masculine et grande entre les colonnes sculptées,
Et c’est une femme encore plus femme qui paraît,
Dans des habits d’homme !S’avance et tend les bras, enchantée !

Elle a couru dans la lumière,
Ses bras tendus se sont ouverts,
Toute menue, la jeune fille s’est jetée dans ce refuge aimé,
Et souriantes toutes deux, elles t’ont nargué !

Ô pauvre voyageur ! Tu contemples ton Dieu !
Un et multiple, irradiant d’amour comblé et heureux !
Et tu graves en toi ce jour où tu l’As rencontrée(s)
Dieu, Iseult ou Mélusine mais sans conteste muse inespérée.

Haiku de Mars

Ce petit moment
court dans ma tête
et saute dans mon coeur

Do Mineur

Heure du jour qui te frôle,
S’évanouit le fil du temps.
Tu t’es jeté sous les saules,
Par amour, illuminant.

La musique avait ton nom
De petit garçon.
Tu as grandi pour mourir,
C’était cent fois trop bien finir.

Il nous a dit, les yeux enfin clos :
« Ce n"était pas pour rire. »

Il nous a dit
Sa musique de fou,
Sa passion infinie,
Qu’il nous aimait, nous !

Heure du jour qui te frôle,
Tes yeux sont enfin clos.

Les Amantes Lascives

Un Soir qui tombe sur des scènes interdites,
Pantois, les dévisage, il désobéit.
Il se laisse vautrer dans l’innomé,
Il se repaît d’un supplice dépassé.

Il s’arroge le mal de bon droit,
Démangé qu’il est par l’obscène.
Les yeux écarquillés, il engloutit ce qu’il voit,
Un filet de bave à ses lèvres malsaines.

C’est une Statue vieille et morcelée,
Défigurée, son socle ne porte plus d’inscription.
Et elle est aujourd’hui bafouée,
Mise à nue et à sang, violée sans plus de façon.

La Lune sur Elle s’est jetée,
L’embrassant de ses bras ardents,
Femme à la lourde chevelure argentée,
Elle irise la Statue de son désir incandescent.

Et ce Soir tombe alors sur « le proscrit »,
Et, voyeur curieux stoppe sa course,
Jouit de ses dames sans âge, et jolies !
L’une inondée de l’autre et mourant dans sa course.

Une lumière irréelle dresse le sexe affolé
De ce Soir-là, il devient mauvais, initié,
Il partage cet amour censuré.
Il quitte sa peau de petit enfant esseulé.

La violence éclate au travers des joutes brutales.
Les corps se heurtent et se brisent.
Les langues s’impriment et ne sont qu’unes, animales,
Se mélangeant, aimantes et timides.

Un Soir qui tombe sur des scènes permises,
Pantois, les dévisage, il reconnaît
Les amantes fugaces et maudites, lascives.
Il tombe d’elles amoureux : sa passion est née.

Rouge

C’est son regard qui t’as fait mal.
Tu suffoques et tu es toute rouge !
Tu le regardes et tu ne bouges,
Mal à l’aise dans ton petit sourire vénal.

Les jours se passent sans que tu le vois.
Tu vas et tu viens, malhabile,
Et ton cœur est tout fragile,
Et tu te caches derrière moi.

Tu pleures des larmes dures,
Et tu craches ton venin
Avec des yeux malsains,
Tu es toute petite, obscure.

Tu te fonds dans la foule,
Et tu déteste tout ce bruit,
Tu cries ton nom à Lui,
Que tu aimes et qui te trouble.

C’est Sa main qui t’a émue,
Qui t’a enlevé, féroce,
Ôté ton armure d’os
Et fait frissonner, tu l’as vu !

Tu es là, face à lui qui t’observe,
Corps tremblant, noué, dénoué, enchevêtré
D’émotions qui te transpercent et,
Doucement tu baisses tes yeux de vierge.

Tu es là, c’était un rêve,
A mon côté, toute rouge !
L a fièvre en toi bouge,
Tu perds la tête et je t’observe.

Il est là qui rentre, avec son petit sourire,
Tu le regardes et tu ne bouges.
C’est son regard qui te fais sourire,
Et tu lèves les yeux, doucement, toute rouge !

Epopée du Chevalier Errant

Edward Burne-Jones : « la belle au bois dormant »

Se dressent les tours du château,
Se fige le preux chevalier,
S’élève, sacral, le chant des orgues,
S’extasie la Belle à sa meurtrière.

S’avance bravement le héros,
Se prépare savoureusement le sorcier,
S’alignent les cercueils dans la morgue,
S’écroule la damoiselle au coeur fier.

Grincent et cliquètent les chaînes du pont,
S’endort le bruit du bourg et se ferment les portes,
S’accumulent les nuées noires sur le mont,
S’amenuise le tendre souffle de la morte.

S’amplifie, orchestral, le son du diable cornu,
S’effondre de notre héros, son armure bienveillante,
Se caresse, le vilain, de ses doigts tous crochus,
S’épaissit la forêt sombre, soudain envahissante.

Résonne le trémolo tragique du troubadour,
Bondit, sautillant fripon, le fou du roi,
S’emplit si fort le cœur du preux de tant d’amour,
S’arme et s’enrage, il a la foi.

Trois heures sous les scolopendres...

Il se bat, il se blesse.
Gouttes à gouttes, les insectes le broutent.
Des filets de salive, ils glissent,
Ils ont les yeux pervers, les sauvages.

Il s’arrache les chairs, convulsé, lacéré,
Il a trop attendu sous les arbres fétides.
Il a vu l’horrible jaillir et n’a rien fait,
Il s’est repu d’une contemplation malsaine et vide.

Ils grouillent sous les feuilles, invisibles qui traquent.
Par millier, les scolopendres se multiplient.
Dans le suc, ils prolifèrent. Vautrés dans le sexe.
Des pinces partout leurs poussent et leur soif est assassine.

Il a la tête esquissée sur le côté, penchant,
L’œil doux des naïfs, l’incrédule.
Sous la tonnelle ruisselante, il patiente vaillament.
Il croit en cet amour qui se pare de vives mandibules.

Plein de bizarre, il ne voit plus rien,
Les scolopendres glissent, se laissent glisser,
Ils sont minuscules, tourment qui revient,
Ils le découpent et son sang coule bleu, violé.

Par l’os, il l’avait saisie, jaillissant
D’amour, il a péri son corps férocement,
Elle était blême et froide, cadavre à la tête coupée.
Il a entendu ce qu’il attends, de son sexe muet.

Lolita Perverse

Seins durs que tu presses,
Cils voilés, masqués,
Corps tendu, corps arqué
Que tu pétris et que tu froisses.


Bouche amère et mal dessinée,
Amants flasques et sans passion.
Ses mains menues sont rusées,
Elles tirent tout de toi, avec raison.


Rythme effréné de garce sauvage,
Lumière candide de ses yeux trop sages.
Ils sont trois, salement empressés,
La tenant, l’empoignant, leur petite fée.


Sa respiration est toute fluette dans ses narines,
Son visage se tord sereinement, orgasme
D’apparat - ses yeux fixent d’autres cimes –
Elle jouit d’un plaisir malsain, plein de crasse.

Elle est salie de part en part,
Malmenée, les porcs soufflent et s’essoufflent,
Et elle rit d’un trémolo juvénile et hagard,
Les nargue du haut de sa jeunesse douce.

Ses cheveux s’éparpillent au bas du lit,
Les plis de sa jupe traînent au vent,
Son cartable est oublié au pied du lit,
Ses ballerines, trop perverses, bien rangées devant

Les messieurs sont nus dans la pièce, extasiés
Devant ce corps de poupée gracile,
Ils croient la violer, ne font que la chiffonner :
Elle les tuera tous les trois, malhabiles.

Le voleur de pommes

Enigmatique,
Le serpent se dresse,
Caresse les colonnes gothiques
Du temple des tendresses.


Hypnotique,
Le serpent croque la pomme
Sous les yeux d’Eve, extatiques,
Ravie, jalouse et un peu conne.

Les Tristes Sires

Dans la vitre se mirent et s’admirent
Les tristes sires aux sombres regards.
Ils plongent leurs yeux de déments
Dans l’image sans fard face à eux.

Sourcils contre sourcils,
Les yeux vitreux et ternes,
Ils pensent qu’ils sont bien laids, bien vils,
Tous, et se complaisent dans cette singulière misère.

Drapés dans des linceuls oubliés,
Ils observent les rats grouillant sous leurs pieds.
Ils étaient tristes auparavant,
Mais, main dans la main, ils se soutiennent à présent.

Malades, condamnés, exclus, rejetés,
Ils auraient pu l’être comme ces hagards
Aux destins atroces de souffrance.
Mais eux sont d’une autre race : des narcisses sans hasard.

Perdus dans des reflets déformés
Ils aiment et s’aiment,
Face à face, mélangés, liquéfiés,
Souriants de leurs dents rongées, à toutes ces amours.


Eperdus de tendresse, fous de bonheur,
Les tristes sires dansent et s’enivrent, d’images…

Ballade pour une Demoiselle

Pour Mina et Vlad...

Elle s’est noyée dans un bol de thé,
S’est précipitée avidement
Et a péri violemment
Dans un Earl Grey.

Puit-Du-Dragon* les avait unis,
Avait jeté sur eux la sainte et chaude eau,
Les avait fait frémir de désir, héros
Involontaires d’une infusion, infinie…

Leur amour se dilue et se répand
Autour d’eux, elle s’est noyée dans un bol de thé
A jeté son regard dans un au-delà, « un océan
D’éternité qu‘elle a traversé pour le retrouver ».


* en chinois LUNG CHING : thé vert du Sud de la Chine.